Brève présentation…

Je m’appelle Romane Della Gaspera. En tant qu’artiste multifacette, je vous présente mon univers !

En cliquant sur les différentes pages du menu, vous découvrirez tour à tour les œuvres de jeunesse, les romans fantastiques, la poésie, les essais spirituels, les carnets de voyage, les œuvres engagées pour l’écologie, et enfin les spectacles et performances. Chaque sections sera l’occasion d’en savoir plus sur l’histoire et les questionnements qui ont conduit à la genèse de chaque création. Bienvenue dans mes mondes !

Pourquoi Les Marchants de Sable ? Pour mettre un avant un imaginaire fraternel, car si je me considère comme une petite Marchante de Sable, je suis loin de voyager seule…. Au fait, pourquoi le « t » au lieu du « d »? Vous en saurez plus en lisant le texte de présentation qui suit… Bonne lecture !

J’ECRIS CE BLOG PARCE QUE…

Longtemps j’ai jugé que parler ne servait à rien. Les mots me coûtaient, encore plus à les prononcer qu’à les entendre. Ecorchures pour les oreilles, poids pour le cœur, diversions de l’âme. Je ne les tolérais que pour le rire et pour la poésie. Tout me semblait superflu ou subterfuge si ce n’était le jaillissement spontané, l’irruption de la magie dans nos cœurs, dans nos ventres et jusque dans nos bouches… Hâblerie loufoque, inspiration délirante, gargarismes à la frontière du langage, musique presque, rythme, danse et mimiques du visage, là pouvait s’infiltrer l’expression du vrai, dans un écrin sans cesse réinventé, là pouvait s’immiscer le dialogue vrai, celui qui crée sa propre langue.

Autrement, il me fallait écrire. Ecrire pour poser les empruntes d’une pensée plus lente et plus déployée. Suivre le fil d’un propos, jour après jour, mois après mois, le long d’un chemin que les mots ont tracé à l’encre. Pouvoir refaire à tout moment la route subtile que l’écriture a commencé à rendre matérielle, en poursuivre le cours, en rectifier les courbes, guidée par le simple sentiment de l’horizon.

Il était bon d’écrire, mais rarement ces écrits me semblaient valoir la peine d’être diffusés. Des textes publiés, rapidement perdaient pour moi leur sens. C’était tantôt la forme, tantôt le fond qu’il aurait fallu corriger. Et puis le monde est déjà si plein de discours. L’écrit m’apparaissait progressivement comme une autre version de la parole, un brouhaha, duquel mes logorrhées ne pourraient être qu’un ajout importun.

J’ai donc cessé d’écrire, préférant vivre. J’y voyais plus de rudesse et plus d’intensité. En fait, plus de vérité.

Lire m’était même de plus en plus pénible. Les mots, même écrits, étaient trop légers, quelle nécessitait les conduisait ? Il est bien trop facile d’écrire sur tout ce qu’on veut, à peine moins facile d’écrire bien, avec une jolie plume, sur des sujets qui font mouche sur tout le monde. Il est bien plus difficile d’écrire avec son sang, d’écrire avec l’eau-même des flots où l’on s’est enfoncé si fort qu’on a failli s’y perdre.

Aujourd’hui je n’écris presque plus. Je suis trop allergique au superflu pour risquer de cuisiner moi-même un plat qui me rendrait malade, avec tous les convives.

Mais c’est ne plus écrire qui me rend malade. C’est vivre avec tant d’abandon, valser dans des eaux si magiques, sans en faire le témoignage. Il manque quelque chose à vivre quand on n’en parle pas.

J’ai enfin trouvé l’endroit où parler m’est nécessaire. Enfin, il ne s’agit plus de donner à manger des soupes froides. Il s’agit de parler de la vie pour la rendre réelle, comestible, nourrissante, pour en faire une chair ! Oui, c’est comme si ne pas parler, c’était faire outrage, diminuer la vie, ne pas lui permettre de se doubler par le verbe, de se multiplier comme le pain, de produire son souffle créateur !

Rencontrer des anges ! Des pirates ! Pratiquer la magie ! Survivre aux montagnes dentues ! Aimer des fées ! Effleurer le royaume des dieux ! Et ne pas en parler ?! Entendre la voix du vent ! Renifler l’avenir ! Être brûlée du feu de l’espérance ! Avoir la fièvre du cœur, la gorge qui voudrait crier au rassemblement des consciences, les paupières qui regardent dans leur pénombre tranquille les tribus humaines tisser enfin ensemble leurs rêves de coton… Et ne pas crier ?!

Certains disent qu’on peut aimer sans dire je t’aime, que le silence aiguise la qualité du sentiment.

Je crois qu’aujourd’hui je préfère apprendre à dire je t’aime, je crois que l’on aime encore mieux quand on le dit.

Je crois que je préfère apprendre à dire merci, parce que garder pour moi sans remercier me poignarde.

Je crois que je préfère apprendre à crier mon espérance et mes prophéties, car je ne peux tout simplement pas en supporter toute seule le feu.

MAIS POURQUOI LES MARCHANTS DE SABLE ?

Le nom des Marchants de sable remonte à 2016, l’année où j’ai entamé l’écriture d’un roman portant ce titre, mais que j’ai par la suite avorté. Il parlait d’un monde où l’on n’arrive plus à dormir. Seuls une poignée de chanceux, nommés les Marchants de Sable, détiennent encore ce pouvoir, et ont pour mission de partager leur sommeil, sillonnant la Route du Sable pour aller de maison en maison et endormir leurs clients.

Les Marchants de Sable, c’est une bande, une bande de solitaires solidaires. Ils vont au-devant du Jour, transportant des amphores pleines de visions. Ils sont un hymne à la fraternité, ils avancent comme une vague, lente et irrésistible, renouvelée à peine détruite, plus nombreuse que l’écume, plus dense que l’eau.

Ils marchent, dans la pénombre, leurs silhouettes sont des flammes qui laissent des éclats de sable sur leur passage.

– Les Marchands de Sable, je connais la référence, mais enfin, pourquoi vous appelez-vous « marchant » avec un t et pas avec un d ? me demanderez-vous peut-être.

– Parce que nous ne vendons pas les rêves, vous répondront alors les Marchants de Sable. Nous les marchons. Nous les promenons, si vous préférez. Nous leur faisons voir du pays.

– Mais vous vous dites « Marchants de Sable », insisterez-vous, non pas « Marchants de Rêves ». Ainsi, vous promenez le sable ?

– Le monde aujourd’hui est plein de roches, de monolithes compacts… Des blocs, si vous voulez, des blocs durs… Nous, nous érodons ces roches…

– Erodons ?

– Nous les détruisons tout doucement, grain après grain, et nous en remplissons nos sacoches. Un grain, c’est tout petit, mais à force, nous déplaçons des déserts. Nous transportons le sable jusqu’aux humains pour enduire leurs paupières. Nous les endormons pour mieux les réveiller aux images qu’ils ne voient plus.

– Les images des rêves ?

– Oui.

– Mais ce sont des images fausses !

– Le croyez-vous ? Les humains ne voient plus que les images de la matière, ils ont oublié qu’ils ont le pouvoir d’imaginer leurs propres images, et créer leur propre matière. Un jour, ils pourront habiter dans les châteaux de sable qu’ils auront vus en rêve.

– Vraiment ? demanderez-vous, les yeux brillants de sable d’or.

– Oui. Vraiment, vous répondront les Marchants. Mes amis et moi marchons pour cela. Chaque jour, nous marchons pour cela.

Ces Marchants de Sable, ce sont nous, les visionnaires des mondes futurs qui se dessinent tandis que l’ancien s’effondre. Ce sont les troubadours des nouveaux mondes, qui partent sur les routes du monde pour partager leurs fiévreuses inspirations et rendre leurs visions réelles. Non, ce ne sont pas des fantaisies, ce n’est pas juste « de la poésie ». Je parle de tous ceux qui cherchent la parole nécessaire et l’image vraie. Ils oseront se reconnaître.

Dans ce blog, je parlerai de mes propres marches, tantôt solitaires, tantôt fraternelles. Je tenterai de me rendre transparente aux visions qui m’habitent, à ces silhouettes qui bougent derrière mon âme et qui veulent tant parler. Il s’agira principalement de textes, mais aussi des peintures et des clips musicaux. Ce sera une fenêtre sur mes œuvres, qui vous permettront de gouter à des éclats et vous donneront envie de découvrir la suite. Je posterai également de temps à autres des textes d’amis qui marchent le sable comme moi.

Je vous parlerai aussi de mes voyages. Dans l’imaginaires, ils ont commencé à l’âge de sept ou huit ans. Dans la géographie terrestre, j’ai fait mon baptême à dix-huit ans, pendant six mois, en autostop sur les routes américaines. Ma vie depuis est parsemée d’aventures de la sorte, à la fois plus brèves et plus intenses.

Il y a deux semaines, j’ai décidé de devenir nomade pour de bon. Je n’ai plus de chez moi. Je vais de porte en porte, de ville en ville, de marche en marche. Je veux porter la voix du Sable. Suivre ce blog, lire ces articles, vous permettra d’aller pas après pas dans mes empruntes. Renifler, le temps de quelques minutes, le même air que moi.

L’air chaud des déserts, quand le cœur est au zénith.