Pour une écologie poétique

Les mains dans la terre

Peu à peu, la Terre, de quête personnelle, m’est apparue comme une quête collective.

Émergeant peu à peu de mon égocentrisme adolescent, j’ai vu, à mon retour d’Amérique, que ma propre déconnexion vis à vis de la Terre était symptomatique de mon époque et de ma culture. Véritable révolte. Je ne comprenais pas comment il se faisait que nous ayons, en Occident, tout ce qui fait rêver ceux qui galèrent dans la boue, et que nous cultivions pourtant tant d’insatisfaction, d’angoisses et de tourmentes. Le peu de valeur que nous accordons à une telle abondance ! Il faut donc qu’il y ait une si grande coupure entre nous et le monde; pour que nous lui répondions par cette négligence ! Il faut donc que cette Terre soit autant désinvesti par nos cœurs et nos esprits, pour que ces derniers continuent leur course effrénée en avant vers l’abondance, au lieu de venir accompagner, remercier et honorer les efforts de la vie à nous rendre vivant.

Et cet écart, ce désinvestissement vis-à-vis de la Terre me révolte autant, je pense, parce qu’ils font écho à ma propre coupure existentielle vis-à-vis du monde. Je me suis immensément désintéressée de lui pour me réfugier dans des mondes que je croyais condamnés à rester imaginaires, ignorant que les rêves peuvent ensemencer le réel et l’engrosser d’infini. Condamnée à laisser ma pensée s’enfuir en volutes poétiques en délaissant la sensation même de mon corps, qui est ma première terre.

Dès lors, j’ai entamé l’écriture d’un carnet nommé Terre.

J’y inscrivais tous mes apprentissages en termes de botanique, d’éco-construction, de low tech, de zéro déchet, de conseils de jardinage, mais aussi de références à la sorcellerie, à la médecine chinoise, à la sagesse des quatre éléments… Un livre d’artiste et de recherche, nourri d’images, de poèmes et de citations inspirantes.

J’ai commencé à plonger dans l’écologie. J’ai appris que nous traversions la sixième extinction de masse, que la biodiversité s’effondrait, que le climat nous promettait ses fournaises pour bientôt, que la planète courait à sa parte.

Plantes sauvages, jardinage, construction en terre-paille. J’ai demandé à ma tête de laisser à mes pieds et à mes mains la place de m’enseigner. Il me fallait tout mettre à l’épreuve de ma propre vie, pour pouvoir ensuite en porter le témoignage vivant. François d’Assise, pauvre et heureux pèlerin, ou Henri David Thoreau, humble habitant de la forêt, tous deux sont devenus mes parrains intérieurs.

Les mains dans la terre raconte ces explorations : cliquer sur le titre pour en découvrir un extrait.

Habitons la terre

La Terre, le Commun, l’Oikos : notre maison planétaire. Que chacun retrouve le sens terrestre d’habiter la terre, c’est-à-dire conscient de ce qui nous relie tous, non par les concepts, mais par la chair, le sang, la nourriture : voilà la mobilisation primordiale ! C’est une écologie qui ne met pas les humains de côté pour ne se préoccuper que de la nature : au contraire, elle embrasse tous les vivants, humains et non-humains, reliés comme dans une toile, elle réclame la conscience des nos constellations infinies.

Ne laisser personne de côté ! Ne pas tomber dans l’écueil de rêver un monde en post-colonialiste ! Mon engagement social m’a amené à effectuer un service civique d’un an avec le mouvement ATD-Quart-Monde, qui rassemble partout dans le monde des volontaires et des militants prêts à tout pour « éradiquer la misère » et donner une voix à ceux qui n’en ont pas. Marchants de Sable les yeux pleins d’étoiles, ils m’ont permis de gouter à la chaleur de leurs bras, à leurs poignes sans relâche, à leur audace sans faille.

Mon engagement écologique m’a ensuite amenée à m’inscrire en Master « Sociétés et Biodiversité » au Museum National d’Histoire Naturelle afin d’étudier Descola en anthropologie, Bruno Latour en écologie politique, mais aussi l’ethnoécologie, le droit de l’environnement, les sciences sociales ayant trait à l’engagement… Pensées profondes que celles de Tim Ingold, qui voit le monde comme un entrelacs de fils où nous évoluons tous interconnectés… Je découvrais un monde académique engagé pour la Transition !

Ma quête m’a amené en parallèle à plonger dans les mondes « alternatifs », néo-ruraux, fondateurs d’écolieux, de tiers-lieux, tisseurs de liens sociaux, adeptes du local, naturalistes, artisans, biodynamistes et artistes engagés, défenseurs des cultures autochtones, réanimateurs de rituels ancestraux…

Le collectif de la Source

J’ai ainsi eu la joie profonde de rejoindre, pendant cinq mois, les habitants de la Source, un collectif engagé dans le sud-ouest de la France. Cliquez sur le titre pour en savoir plus.

Ce qui ne parle pas

Avec quelques amis de ma promo du Museum, nous avons monté une performance multiartistique pour parler de la crise écologique et des manières expressives, imaginatives et poétiques de la transcender. Cliquer sur le titre pour découvrir notre aventure !

… écologie poétique… ou éco-créativité ?

Ce qui m’importe aujourd’hui, c’est d’exprimer ma folle foi dans l’avenir, en dépit de toute catastrophe.

Parler pour mobiliser, pour rendre espoir, pour indiquer l’étoile.

Surtout, j’ai la foi dans le pouvoir de la co-création.

Imaginez une foule d’humains qui ont fermement contacté leurs profondeurs intimes et leur pouvoir créateur. Et qui se connectent les uns avec les autres. L’imaginaire de chacun se rencontrant, créant des ponts, de nouveaux horizons de réalité.

Il m’est déjà arrivé d’expérimenter cela sur des courtes durées, des expériences uniques, comme je viens de vous le partager.

Avec le temps, je souhaite continuer à développer la magie de la co-création, qui est selon moi une clé centrale pour le monde de demain. Idées de stages et de projets fraternels… à venir !